Babylone est attestée pour la première dans les textes de la IIIè Dynastie d'Ur (fin du IIIè millénaire) en tant que ville contribuant au trésor royal. Elle était cependant un ensemble suffisament important pour nécessiter la présence d'un ENSI (administrateur de province) à sa tête. Après l'effondrement du grand Empire sumérien, des chefs de tributs amorrites vont s'emparer de la cité au début du IIè millénaire, et y fonder la Ière Dynastie. Les grandes puissances politiques de cette période sont les royaumes d'Isin d'abord, puis de Larsa ensuite.
Le premier souverain amorrite de Babylone est Sumu-abum, dont le règne débute en 1894. Son successeurs est Sumu-le-El, qui n'est pas son fils, et qui est l'ancêtre de la lignée des rois de la Première Dynastie. Il réussit à prendre les cités des environs de Babylone. Son fils Sabium et son petit-fils Apil-Sîn règnent successivement et agrandissent le territoire, qui s'étend au sud jusqu'aux environs de Nippur (qui appartient à Larsa), et au nord sur la région du cours moyen du Tigre (jusqu'au royaume d'Eshnunna). Babylone s'affirme ainsi comme une grande puissance, rivale de Larsa. Sous Sîn-muballit (1812-1792), le royaume progresse face à Larsa, et Nippur et Isin sont prises. Mais la présence au nord du grand royaume Nord-mésopotamien de Shamshi-Adad, ainsi que de celui d'Eshnunna dirigé par Dadusha puis Ibal-pî-El II, limite la progression au nord. En 1794, le roi de Larsa Rîm-Sîn réussit à reprendre les pertes précédentes.
Hammurabi
Dès son intronisation, Hammurabi doit donc passer à l'action face à son rival. Après avoir renforcé sa puissance, il attaque le territoire dominé par Larsa, et s'empare d'Isin, Uruk et Ur. Il étend ensuite sa domination vers l'est contre Eshnunna, puis vers l'ouest, de sorte que les frontières de son territoires sont éloigné de son centre, et que d'éventuels adversaires sont affaiblis, tandis que ses puissants voisins ne réagissent pas. A la mort du grand Shamshi-Adad, avec lequel Hammurabi avait été conciliant, la situation politique change. Zimri-Lim s'empare de Mari et constitue un état puissant sur le Haut-Euphrate, et remporte une victoire contre Eshnunna, avant de renforcer son pouvoir sur ses vassaux. Pendant ce temps, Hammurabi reste patient, et organise son royaume pour le rendre plus puissant, en tout cas supérieur à celui de Larsa. En 1765, il s'allie au roi de Mari, alors grand maître de la politique internationale, pour repousser un attaque Elamite qui au passage a détruit Eshnunna. L'année suivante, il provoque la guerre contre Larsa s'empare enfin de la ville, se débarrassant ainsi du vieux mais toujours redoutable Rîm-Sîn, qui avait réussit à solliciter une aide de Mari. Hammurabi a alors la plupart des souverains de la région contre lui. Qu'importe, puisqu'il défait une coalition des souverains du nord en 1762, avant de se porter contre Mari. Zimri-Lin ne fait pas le poids, et est écrasé par les armée babyloniennes qui détruisent la ville, qui ne se relèvera pas de cette attaque. Hammurabi poursuit sur sa lancée, maintenant que plus personne n'est en mesure de l'arrêter : il s'empare d'Assur, puis d'Eshnunna. A sa mort en 1750, il a fait de Babylone la plus grande et la plus prestigieuse des cités de Mésopotamie, ce qu'elle restera pour plusieurs siècles malgré l'effondrement rapide de la Ière Dynastie après le règne de Hammurabi.
Le roi babylonien de la Ière dynastie porte le titre akkadien de sharrum (roi). Il gouverne depuis le palais de sa capitale, aidé par son entourage dont on ne connaît pas la composition exacte ni la titulature, qui n'a de toute manière probablement pas existée. Le roi est à sa place parce que les Dieux l'ont voulu. Il doit de ce fait faire respecter leur justice, et diriger leur territoire le mieux qu'il peut pour que les sujets y produisent de quoi satisfaire leurs maîtres divins. Le roi est donc le personnage central du royaume babylonien, exerçant une très grande autorité.
Le roi est entouré de ministres le secondant dans ses tâches. On trouve un premier ministre (sukkalum), un ministre des relations extérieures (sukkal ubarim), ainsi que des secrétaires royaux (tupshar sakkakkim). Tout le secteur administratif est géré par un important corps de scribes (tupsharrum).
Le territoire était divisé en provinces dans les régions de Babylonie même. Un gouverneur dirigeait ce territoire depuis sa plus grande cité, entouré de fonctionnaires qui l'aidaient dans ses tâches, c'est à dire principalement le respect de l'autorité royale, et la surveillance pour le pouvoir central de la situation dans la province du point de vue économique, mais aussi les éventuels troubles politiques et sociaux. L'ordre public était assuré par des garnisons stationnant dans les chefs-lieux des provinces, qui pouvaient aussi servir d'armée et d'autorité encadrant les grands travaux publics accomplis par la volonté du pouvoir central. Ces garnisons étaient constituées de soldats de métier, encadrant des conscrits accomplissant leur service du au roi (l'ilkum), ainsi que quelques mercenaires.
Dans les cités, un système efficace était en place. On trouvait un agent royal, le rabiânum, aidé d'adjoints (hazannum) et une assemblée d'Anciens (puhrum) représentant la communaté. Une "chambre de commerce" (kârum) réglait les litiges commerciaux sous la coupe d'un agent royal, le "chef des marchands" (wakil tamkarî) . Les agents du pouvoir local pouvaient avoir des fonctions juridiques, administratives ou dans la collecte des impôts. Le pouvoir judiciaire était exercé par un juge royal (dayyan sharrim) aidé par des assistants (rêdûm), quand les pouvoirs locaux n'arrivaient pas à régler les affaires ou pour des cas d'une certaine importance. Le pouvoir royal exerce un contrôle sur ces institutions grâce à des inspecteurs (waklum).
Les provinces lointaines étaient gouvernées par des personnages, souvent issus de l'ancienne famille royale dirigeant le pays, disposant d'une autonomie assez large, mais qui étaient quand même vassaux de Babylone et devaient lui verser de ce fait un tribut.
Les stratifications sociales de la société paléo-babyloniennes sont bien connues par le Code d'Hammurabi. La véritable différence entre les hommes était s'ils étaient libres ou non.
Les hommes libres
Les hommes libres sont généralement appelés awilum (traduit par "homme"). Le Code d'Hammurabi distingue deux catégories d'hommes libres : les awilû proprement dits et les mushkenû. Le premier groupe dispose d'un rang social et d'un statut juridique plus élevé que le second. Ce sont les hommes travaillant dans l'entourage du roi. Ils exercent une fonction pour le compte du palais, pour laquelle ils sont rétribués par des rations (en grain, en laine et en huile, donc pour se nourrir, se vêtir et se laver), ou bien par des champs de subsistance (le service comme la rétribution se retrouvant sous le terme akkadien d'ilkum), qui sont attribués en échange de la fonction et ne sont donc pas des biens transmissibles par héritage, sauf apparemment dans le cadre d'une fonction militaire. Les mushkenû (d'où dérive le mot français "mesquin") évoluent en dehors de la sphère palatiale. Ils échappent à la documentation écrite, et de ce fait sont très mal connus.
Les hommes libres sont sujets du roi, ils sont ses serviteurs. Mais, dans leur religion, ils sont avant tout soumis à leurs dieux, qu'ils ont pour devoir de servir. En effet, l'Homme ne fut inventé par les dieux que pour lui assurer un train de vie convenable sans avoir à travailler pour. C'est pour cela que le premier devoir d'un homme libre est de rendre le culte à ses dieux, et de leur donner des offrandes. Mais au-delà de ses considérations religieuses, il devait aussi remplir certaines obligations envers son roi "terrestre" : corvées, service militaire.
Les esclaves
Les esclaves (wardum dans le Code d'Hammurabi ; mais en fait ce terme a les mêmes signification que le mot "serviteur" en français, et ne désigne donc pas systématiquement un non-libre) disposaient de la place la plus basse dans l'échelle sociale. Les esclaves étaient avant tout des prisonniers de guerre, ramenés de campagne par les troupes royales, pouvant être offerts ou vendus aux particuliers, ou bien aux temples, ou restant au service du roi. Ils étaient aussi nombreux à être des descendants d'esclaves restés au service du maître de leurs parents. Il existait aussi l'esclavage pour dettes.
Les droits de l'esclaves étaient évidemment très limités. D'abord, parce qu'il ne pouvait pas disposer de sa personne, qui était propriété de son maître. Celui-ci avait droit de vie et de mort sur lui, et pouvait le vendre quant il le désirait. Lorsqu'il achetait une famille entière d'esclaves, il pouvait les séparer à sa guise, bien qu'il le fît rarement, car il n'y trouvait aucun intérêt. L'esclave est un bien comme un autre. Pour l'identifier, il porte attaché autour de son cou un pendentif où sont inscrits son propriétaire et sa fonction. La loi est très dure face à l'esclave. Il a très peu de droits (voire aucun). Si on le tue, on devra simplement le "rembourser" à son maître. Si on le blesse, une indemnité suffira. En contrepartie, le moindre acte déplacé de sa part peut avoir de graves conséquences : punition corporelle, mutilation, voire la mort.
Les esclaves femmes étaient traités durement. Son corps était entièrement à la disposition de son propriétaire, qui pouvait avoir une esclave plutôt que de se prendre une concubine pour pallier au fait que sa femme stérile ne puisse lui offrir de descendance (dans ce cas, l'esclave est propriété de la femme, qui l'offre à son mari). Dans les cas extrêmes, il pouvait en faire une prostituée. Si elle tombait enceinte et donnait naissance à un enfant de son maître, elle serait cependant graciée avec lui à la mort du père. Si les esclaves avaient des enfants entre eux, ils étaient la propriété de leur maître. Ces derniers avaient d'ailleurs l'habitude de marier leurs serviteurs entre eux, de manière à augmenter leur nombre d'esclaves. Les esclaves mâles pouvaient épouser des femmes libres, mais cela était très peu courant, car peu de familles laissaient leurs filles épouser un esclave, à moins qu'il ne fût assez riche.
Mais les esclaves étaient cependant mieux lotis que les esclaves dans les civilisations classiques. Leurs maîtres les traitaient quand même avec humanité. On a ainsi déjà vu qu'ils pouvaient se marier, dans certains cas ils pouvaient aussi se lancer dans les affaires, faire du commerce, et se constituer un capital, des propriétés, dans tous les secteurs d'activité, et même dans l'administration des temples et de l'État.
La condition d'esclave n'était pas irrémédiable. Comme on l'a déjà vu, les femmes donnant naissance à un enfant de leur maître étaient affranchies avec celui-ci à la mort de leur maître. On pouvait aussi préciser dans une clause d'un héritage qu'un esclave, pour services loyaux, serait libre après le décès de son maître. Certains esclaves, qui s'étaient constitués un capital important, pouvaient éventuellement racheter leur liberté. Le maître pouvait affranchir de lui-même son esclave. Généralement, l'esclave libéré continuait à travailler pour son ancien propriétaire, d'après une clause de son contrat d'affranchissement. Mais les esclaves n'arrivaient que très rarement à se libérer, et c'est pourquoi le plus grand nombre d'esclaves ayant réussi à en finir avec leur condition sont ceux qui se sont enfuis, malgré les risques encourus (la mort). La plupart des esclaves l'étaient donc depuis le jour de leur naissance jusqu'à celui de leur mort.
Economie
Le roi dirige tout le système de propriété des terres, en les distribuant aux membres de son administration (des plus hauts dignitaires à certains de ses domestiques) ou aux temples. Il garde le contrôle sur toutes les terres qu'il concède, cette propriété n'étant pas pleine. Le palais royal a bien sûr ses propres terres, gérées par un intendant (ishiakkum pour les terres céréalières, shandanakkum pour les palmeraies). Bien que soumis à l'autorité royale, les temples gardent une certaine importance dans le domaine économique. Ils accordent notamment divers types de prêts, que ce soient les ikribû (prêts concédés à des marchands, qui en contrepartie font des offrandes importantes au temple), ou des prêts avantageux accordés à des agriculteurs pendant la crise agricole qui secoue le pays au XVIIè siècle, le temple effectuant ainsi un rôle d'assistanat.
La distribution des terres par le roi en échanges de services (ilkû) aboutit à la constitution d'une élite urbaine qui s'enrichit grâce à ses terres qu'elle afferme, et peut se lancer dans des entreprises commerciales et financières. Si le commerce est en partie dirigé par le palais et aussi les temples, qui emploient les marchands, (tamkârû, version akkadienne du sumérien DAM.GAR), ces derniers peuvent se lancer dans des entreprises commerciales pour leur propre compte. Ils se regroupent en firmes regroupées dans le karûm(littéralement "quai"), le quartier des marchands des grandes villes. L'activité du karûm est contrôlée le wakil tamkarî ("chef des marchands"), un agent du palais qui sert d'intermédiaire entre les marchands et le pouvoir royal. Les dignitaires afferment aussi des loyers et des taxes royales, et prêtent de l'argent (à des taux très élevés) aux petits propriétaires. Lorsque surviendra la crise agricole touchant la Babylonie aux XVIIIè et XVIIè siècles, les notables prêteront plus (ils perdent une partie de leurs bénéfices issus des terres, ainsi que ceux dus au commerce qui faiblit alors), à des taux encore plus élevés, à des paysans touchés par la crise, qui se retrouvent dans l'impossibilité de rembourser. Cette crise d'endettement poussera les roi Samsu-iluna à prendre par deux fois des mesures d'andurarûm (annulation de toutes les dettes contractées jusqu'alors dans tout le pays). Parallèlement, une crise écologique due à la surexploitation des terres et leur salification diminue la surface des terres cultivables. Tout cela ne fera qu'aggraver l'affaiblissement progressif du royaume après la mort d'Hammurabi.
Les successeurs de Hammurabi
Samsu-iluna (1750-1712) succède à son père, et hérite d'une situation difficile : le royaume est en ébullition, et de nombreuses révoltes à Sumer viennent perturber son règne. Il n'en faut pas plus pour que ses vassaux se soulèvent à leur tour, obligeant le roi à se battre sur plusieurs fronts. Cette situation se reproduira plusieurs fois au cours du règne de Samsu-iluna. S'il est toujours victorieux, cela prouve que la situation n'est pas acquise, et cela pousse les Elamites à lancer des attaques, et les Assyriens à se rendre indépendant. D'autres suivent leur exemple : des Amorrites et des Kassites (qui apparaissent alors en tant que puissance) attaquent la Babylonie, tandis que de nombreux territoires se rendent indépendants. A la fin de son règne, Samsu-iluna a perdu la plupart des provinces du royaume hérité de son père, dont Sumer. Le pays est de plus frappé par une crise économique caractérisée par l'endettement des plus pauvres (voir plus haut), que le roi n'arrive pas à résoudre malgré la proclamation de l'andurarû par deux fois.
Les souverains suivants, Abieshuh (1712-1684), puis Ammi-ditanna (1684-1646) et Ammi-saduqa (1646-1626) résistent et réussissent même à reprendre des territoires perdus auparavant. Pourtant, la situation du royaume est désastreuse, et une grave crise économique le frappe. Aux frontières, les Kassites, ainsi que les Hurrites et les Hittites se font pressants. Les souverains babyloniens ne peuvent résoudre les problèmes qui se posent à eux. Samsu-ditana (1626-1595) hérite d'une situation très difficile à laquelle il ne pourra pas plus que ses prédécesseurs mettre fin. Malgré une politique de construction de forts visant à protéger les frontières du territoire, celui-ci reste mal défendu. Lorsque vers 1620, le roi hittite Hattusili, ravage la Syrie, il accentue sa menace sur la Babylonie. Les évènements de ces années sont mal connus, mais il semble que les assauts des nouveaux peuples soient de plus en plus rudes. En 1595, le successeur d'Hattusilis, Mursili, après avoir attaqué une nouvelle fois en Syrie, descend l'Euphrate et pénètre en Mésopotamie, puis fonce vers Babylone qu'il prend et pille. Samsu-ditana disparaît, et avec lui la Ière Dynastie de Babylone.
LES KASSITES
Cette dynastie, d'origine étrangère, constitue un des moments majeurs de l'histoire mésopotamienne. Elle est hélas mal connue, car cette période a laissé très peu de sources. La chronologie jusqu'à la fin du XIVè siècle est très incertaine, et les aspects socio-économiques nous sont encore moins bien connus que pour les autres périodes. Pourtant il ne faut pas minimiser l'importance de la dynastie kassite. Elle voit l'établissement définitif du pouvoir de Babylone sur tout l'ancien Pays de Sumer et d'Akkad, qui devient alors le pays de Karduniash, la Babylonie, grâce au maintien au pouvoir dans cette ville de la dynastie la plus longue qu'est connue la Mésopotamie (quatre siècles). Cette stabilité est exceptionnelle pour l'histoire de l'Orient Ancien. A partir des Kassites, quiconque veut dominer la Mésopotamie du Sud doit régner à Babylone.
La prise du pouvoir
En 1595, le souverain babylonien Samsu-ditana est vaincu par Mursili, roi des Hittites, qui s'empare de la statue de Marduk et l'emporte dans son pays. Cette défaite signifie la fin d'une dynastie déjà très affaiblie au nord par les assauts de peuples divers, Hittites, Hurrites, et mise à mal au sud par la progression de la Dynastie du Pays de la Mer, mais aussi par celle des Kassites, qui avaient déjà attaqué Babylone par le passé. Après 1595, le dixième souverain de la dynastie des rois kassites (fondée par un certain Gandash, qui aurait régné dans la seconde moitié du XVIIIè siècle), Agum II, s'empare de Babylone après le sac de la cité par les Hittites. C'est le début de la troisième dynastie de Babylone (celle dite du Pays de la Mer étant considérée comme une dynastie de Babylone, bien qu'elle n'ait jamais réellement régné sur la ville), qui durera plus de quatre siècles.
De la longue histoire de la Babylone kassite, on sait pourtant très peu de choses. Seuls quelques évènements marquants nous sont connus. Le premier souverain kassite attesté comme roi de Babylone est Burna-Buriash I (successeur d'Agum II). Au début du XVè siècle, Ulam-Buriash, quatrième successeur d'Agum II, s'empare de Urukug, la capitale du Pays de la Mer, et annexe ce royaume. A partir de ce moment, la prépondérance de Babylone en Mésopotamie méridionale n'est plus contestée, et les souverains kassites sont maîtres de tout le pays de Sumer et d'Akkad, qui deviendra la Babylonie (ou Karduniash pour les Mésopotamiens, ce qui équivaut à "pays des Kassites"). Au sud, la domination kassite s'étend en direction du Golfe Persique. Il est fortement probable que Bahrain est alors été gouvernée directement par le pouvoir babylonien, et donc aussi d'autres territoires du Golfe entre le Sud mésopotamien et cette île. A part cela, on connaît quelques traités concernant les frontières entre Babylone et l'Assyrie à cette époque, et quelques assauts Élamites. Les souverains babyloniens ont jugé nécessaire de sécuriser l'accès à la Vallée de la Diyala, qui ouvrait les routes commerciales vers le Plateau iranien, comme en témoigne la construction de Dûr-Kurigalzu.
Le royaume kassite
La documentation sur la période kassite est peu abondante et a été peu étudiée, et on est donc peu renseigné sur les aspects socio-économiques de la Babylonie de cette époque. Le plus gros corpus est constitué par un lot de 15 000 archives retrouvées à Nippur, qui n'ont encore été que très peu étudiées. D'autres archives ont été retrouvées en quantité restreinte en d'autres endroits, mais elles non plus n'ont pas été bien analysées.
Les rois kassites
De ce fait, les Kassites ont pu gouverner le pays dans un certain calme. C'est à cette époque que Babylone est devenue la capitale culturelle de la Mésopotamie, détentrice du savoir des Sumériens désormais disparus. On a ainsi écrit de nombreuses oeuvres littéraires à cette époque, fait des progrès dans la technique et les sciences. Les Kassites n'ont d'ailleurs pas imposé leur culture, qui fut vite dominée par celle déjà en place dans la région. Les souverains de cette période vont de plus rénover tout le pays, que ce soit ses temples et autres monuments, ses villes, ses canaux, et construire des forts pour défendre la pays. Le plus grand bâtisseur est un des deux ayant porté le nom Kurigalzu (on ignore lequel), qui construit une ville portant son nom, Dûr-Kurigalzu (actuellement Aqar Quf), et restaure Ur. La dynastie avait de deux divinités protectrices d'origines kassites, Shaqamuna et Shumaliya, qui disposent d'une chapelle dans le palais royal. Mais d'une manière générale ils ont assimilé la tradition mésopotamienne, et n'ont pas cherché à imposer leurs dieux ou leur culture.
Le pouvoir est toujours exercé par un roi vicaire des Dieux sur Terre. Pour faire connaître leurs réalisations, les rois kassites, en plus des habituelles inscriptions sur briques, font faire des kudurru, stèles portant des inscriptions et des images gravées. Ils sont les égaux des grands rois de la période, souverains d'Égypte, du Hatti, du Mitanni et d'Assyrie, avec lesquels ils entretiennent des relations diplomatiques, marquée par une correspondance abondante, et des échanges de présents. Ce système, assuré par des envoyés appelés mâr shippi, concerne d'importants produits de luxe, dont beaucoup d'or et de métaux précieux, échangés dans un système de dons et contre-dons, plus ou moins respectés par certains souverains (ce qui n'est pas sans entraîner de petites tensions), sous couvert de simples cadeaux d'amitié, d'hommages échangés lors de l'intronisation d'un roi par exemple. Il est à noter que la période kassite a vu le maintien d'un étalon-or, en grande partie grâce à l'afflux d'or égyptien. C'est la seule fois que ce fut le cas en Babylonie antique. Symbole de la place qu'occupe Babylone dans le domaine de la pensée, c'est le Babylonien (sous la forme dite Médio-babylonienne) qui est la langue internationale. La période kassite connaît aussi une floraison culturelle importante, et Babylone devient une métropole culturelle majeure : la langue babylonienne est la langue diplomatique internationale, et on recopie les grands textes mésopotamiens comme l'Épopée de Gilgamesh dans les autres royaumes du Proche-Orient. On a même retrouvé la trace d'un scribe babylonien en Égypte, à la cour du souverain Akhenaton.